Pagination 384 pages
LANGUE français
Office 07 mai 2015
Prix de vente public 18 euros
Editions Ipanema
L’Histoire :
le monde du consulting vous rend nuisible, puis dangereux
Les managers vivent en permanence l’alerte rouge. Et malgré tout, il leur faut garder cet air cool
des mecs persuadés que toute la vie n’est qu’un jeu et que le boulot fait partie de la grande farce
universelle. C’est pour ça que nous avions du plaisir à détruire ce qui nous faisait bander. Juste
histoire de se prouver qu’on pouvait le reconstruire d’un claquement de doigt. C’est ainsi que je
me suis pourri quelques contrats exprès. En une journée, puis en une matinée, et bientôt en dix
minutes, je me refaisais. Une façon de montrer que je faisais partie des meilleurs.
À ce petit jeu de darwinisme économique, les moins costauds jettent l’éponge au bout de deux
ans. Pour survivre, pas d’autre moyen que de s’endurcir et devenir soi-même méchant. Le monde
du consulting vous rend nuisible, puis dangereux car on finit par prendre plaisir au mal qu’on
fait. Bref, on arrive là-dedans naïf et tendre et le capitalisme vous tanne la peau, on s’endurcit
et on devient dur avec tout le monde, on n’y peut rien bien sûr. Ou plutôt, on se le fait croire.
C’est ainsi qu’en quelques années, j’ai laissé derrière moi un tas d’idées, de préjugés qui me
gâchaient l’existence : la culpabilité, la conscience professionnelle, ou encore l’amour du prochain.
J’espère ne plus jamais croire à nouveau en ça. C’est trop d’efforts pour aucun résultat.
Anton Hansen
L’Auteur :
Dominique Julien : « Le management de la terreur
ou management à l’américaine est un objectif à l’horizon 2016… »
Dominique Julien est professeur de philosophie à Rennes,
alors son point de vue sur le monde nous intéresse, d’autant
qu’il a toujours la politesse de le distiller dans des récits acides
et drôles. Il n’aime rien tant que d’observer ses semblables
dans leurs différents biotops et d’en extraire des récits qui
touchent à l’os comme dans L’Ambassade (Léo Scheer, 2012)
ou Mordre la poussière (Dialogues, 2010). Consulting underground
est son sixième roman, une fiction née d’une réalité.
Cette réalité, Dominique Julien s’en est fait le témoin après
avoir pris « les dépositions » de quelques consultants qui ont
eu envie de partager avec l’auteur leur « amour du métier ».
❚ Pourquoi vous êtes-vous intéressé à un sujet
comme le consulting dont l’audience semble
assez confidentielle ?
Parce que les rapports humains au sein de ce monde-là
m’ont semblé très représentatifs, par leur dureté, des rapports
humains tels qu’ils existent aujourd’hui dans le monde du
travail pris dans son ensemble.
❚ Quelle a été votre première réaction en découvrant
le monde du consulting ?
J’ai eu l’impression de rentrer dans la quatrième dimension.
C’était abracadabrantesque. Je n’arrivais pas à comprendre
en quoi consistait ce boulot. Impossible de ramener
ça à quelque chose de concret, de réel. Le jargon du consulting
est tout bonnement incompréhensible pour le novice.
La faute à l’usage et à l’abus du franglais et des abréviations.
❚ En dépit du jargon, vous avez fini par comprendre
quelque chose à ce monde-là ?
Tout tourne autour du manager. Le job de ce gars consiste à
placer ses ingénieurs-conseils dans des boîtes des secteurs de
l’aéronautique, de la santé, du transport, de la finance, etc.
Toute l’astuce est de réaliser la marge maximale entre le prix
auquel le consultant est « loué » et le salaire du pauvre type.
❚ Pourquoi assimilez-vous le consultant
à un « pauvre type » ?
La mamelle du consulting, c’est le mépris total des managers
pour les consultants qu’ils assimilent à de la viande.
Le tort du consultant est d’être situé en dessous de lui dans
l’organigramme.
❚ Si vous aviez à mettre un manager en examen,
ce serait pour quoi ?
Examen de conscience.
❚ Si vous aviez un conseil à donner à un jeune
qui veut bosser dans ce domaine ?
Je lui dirais de regarder les offres d’emploi pour
McDonald’s. ça vaut mieux !